Vice président du parti de l’opposition CHP, Umut Oran nous analyse les mouvements de protestation qui ont eu lieu au parc Gezi à Istanbul.

Qu’est-ce qu’il se passe en Turquie ?

Au début, le problème était lié à l’avenir du parc Gezi. Les gens ont occupé ce parc parce qu’ils ne pouvaient pas faire entendre leur voix. Mais les forces de police ont attaqué le parc et brûlé les tentes. À partir de là, la revendication a pris une autre dimension. La question n’était plus seulement celles des arbres mais aussi la liberté et la justice. Les gens ont voulu siéger dans le parc en tant que personne libre et respectable. Ils ont voulu protéger leurs droits sans devoir redouter les canons à eau ni subir la répression de la police. Les manifestants aspirent à l’État de droit.
Désormais, les gens se battent pour une Turquie plus libre, plus démocratique, plus équitable et moderne. Ils essaient de faire entendre leur voix au gouvernement. Même si celui-ci les condamne de vandale, de terroriste et marginal et essaie de les criminaliser, le peuple lutte aussi contre cette discrimination.
Aujourd’hui la question est ‘’la liberté, la justice et l’égalité pour tout le monde’’. Il ne peut y avoir de lutte plus justifiée au monde.

Que pouvez-vous nous dire des manifestants ?

Je peux dire qu’il y avaient beaucoup de personnes de différents partis politiques, des personnes de toutes les religions et d’identités ethniques et sociales diverses. Ils sont jeunes, la plupart d’entre eux participe à une manifestation pour la première fois dans leur vie et veulent vivre dans une Turquie différente. En tant que député d’Istanbul, je les soutien. Et en tant que partis de l’opposition, nous devons écouter leurs demandes, les comprendre et les prendre au sérieux.

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Les jeunes présents à Gezi Park affichaient une position apolitique et pourtant on voyait partout les portraits d’Atatürk. Comment le mouvement a-t-il été interprété par le CHP?

Le fondateur de notre République, Atatürk, a une place très importante pour toutes les personnes qui vivent dans ce pays. Il est pris comme un symbole par tous les gens qui entendent défendre la laïcité et la démocratie ; ils affirment que leurs demandes sont liées à la modernisation et à la démocratisation. Alors, nous devons décider conformément à cette conscience, au profit de la Turquie : nous devons défendre des normes plus élevées de démocratie et de liberté.
Jusqu’à présent le CHP a été à l’origine de trois révolutions majeures en Turquie. La première était la République. La deuxième révolution était le multipartisme. La troisième était la révolution sociale-démocrate. Notre quatrième révolution serait de couronner la République avec une démocratie de première classe.

Comment voyez-vous l’avenir ?

La Turquie, avec un système multipartite depuis 67 ans, est un pays fort où règnent des élections libres et qui devient peu à peu membre de l’UE à part entière. Nous bénéficions d’une histoire enracinée, de nos traditions et de notre culture. Une pensée anti-démocratique et répressive ne gagnerait plus en Turquie. Les citoyens turcs rêvent de vivre librement et équitablement, comme des citoyens égaux, gagneront toujours. C’est inévitable.
Nous aussi, nous avons envie de nous allier à ces revendications. Nous voulons que le Premier ministre prenne en considération les demandes légitimes du peuple. Afin de laisser faire ce processus avec le moins de dommages possibles.